The Afterimage
The Far Side
La Isla de las Siete Ciudades
Magnetites
The Crystal & the Blind [PART 1]
The Crystal & the Blind [PART 2]
Cosmorama
Cosmorama [Recordings]
Delusion
Inserts in the Uncertainty
Lunarium
[+]
SOLO SHOWS
The Afterimage
The Far Side
La Isla de las Siete Ciudades
The Crystal & The Blind
[PART 2]
Objects in the Mirror may look closer than they appear
GROUP SHOWS
Voir/le temps/en couleurs - Centre Pompidou Metz
Bercer la Matrice - CAC La Traverse
Les vies Minuscules - Collection Lambert Avignon
La Mesure du Monde - MRAC Occitanie Sérignan
Le Rêve des Formes - Palais de Tokyo Paris
[+]
THE AFTERIMAGE PT. 1 ― 2025
[FR]
13 AVRIL ― 17 MAI 2025
Galerie Sator Komunuma, Romainville, France
Exposition personnelle
Texte : Marion Zilio
[EN]
Galerie Sator Komunuma, Romainville, France
APRIL 13 ― MAY 17 2025
Galerie Sator Komunuma, Romainville, France
Solo show
Text : Marion Zilio

︎︎︎ Photos © Grégory Copitet


TXT[FR]
C’est à la suite d’une résidence itinérante dans le désert d’Atacama qu’il établit un lien entre les géoglyphes précolombiens et les infrastructures contemporaines d’extractions de terres rares. Depuis le ciel, les réseaux hydrauliques des mines du Salar dessinent des formes régulières qui, par leur organisation spatiale, rappellent les alignements géométriques de ce langage millénaire. Site exceptionnel d’observation astronomique, le désert d’Atacama voit désormais son paysage excavé par l’exploitation minière du cuivre, mais aussi du lithium, indispensable à l’équipement numérique. Ainsi le territoire porte la trace d’une civilisation éteinte, mais aussi les stigmates irréversibles d’une ère ayant placé l’humain au rang de première force géologique. Or l’extraction de cette matière tellurique n’a pour autre vocation que d’alimenter une mémoire à très court terme. Jamais une technologie n’a stocké autant de données que le numérique, jamais simultanément, elle n’a été aussi menacée par sa fragilité et sa durée limitée. Si bien que l’hypermnésie digitale est vouée à l’obsolescence et à devenir indéchiffrable d’ici quelques dizaines d’années tout au plus.
Dans ce jeu de correspondances entre matière et virtuel, temps géologiques immémoriaux et disparition programmée des archives numériques, se pose la question de la préservation et de la conservation des mémoires au-delà de notre horizon. Pour pallier à la perte des données, la recherche fondamentale explore de nouvelles voies d’archivage s’appuyant sur la géologie, la microbiologie ou l’astrophysique. La roche, l’ADN synthétique, les constantes astrophysiques ou mathématiques deviennent autant de langages que de supports potentiels de mémoire, inscrivant l’information dans des structures qui dépassent l’échelle humaine, voire terrestre.
C’est à cet exercice périlleux et vertigineux que la NASA s’est prêtée lors de son programme Voyager, en 1977. Des deux sondes envoyées vers l’infini, telles des bouteilles à la mer interstellaire, le public n’a pourtant retenu que le disque doré. Comme les géoglyphes précolombiens qui s’adressaient au cosmos, leGolden Record utilise un système d’encodage censé communiquer à d’éventuels extraterrestres un échantillon de la culture d’une époque. Gravée sur un vinyle en cuivre, cette mémoire biaisée pourrait être la seule trace de notre existence, bien après l’extinction de la Terre et du système solaire.
Depuis, les missions interstellaires se sont multipliées, la qualité des instruments et des optiques considérablement améliorées. Hugo Deverchère va alors s’intéresser à des archives scientifiques parfois obsolètes ou oubliées dans les sous-sols des laboratoires, afin de produire une nouvelle mémoire humaine-non-humaine, à la frontière du géologique, du numérique et du cosmique.
Lingua cosmica
Comment conserver nos mémoires à l’aune d’un horizon qui dépasse notre présence sur Terre ? L’exposition The AfterImage sonde, telle une archéologie futuriste, la persistance et la rémanence des images. L’artiste Hugo Deverchère poursuit ici ses réflexions sur les notions de représentation au-delà d’une vision anthropocentrique, à travers la spéculation de nouveaux langages cosmiques.
C’est à la suite d’une résidence itinérante dans le désert d’Atacama qu’il établit un lien entre les géoglyphes précolombiens et les infrastructures contemporaines d’extractions de terres rares. Depuis le ciel, les réseaux hydrauliques des mines du Salar dessinent des formes régulières qui, par leur organisation spatiale, rappellent les alignements géométriques de ce langage millénaire. Site exceptionnel d’observation astronomique, le désert d’Atacama voit désormais son paysage excavé par l’exploitation minière du cuivre, mais aussi du lithium, indispensable à l’équipement numérique. Ainsi le territoire porte la trace d’une civilisation éteinte, mais aussi les stigmates irréversibles d’une ère ayant placé l’humain au rang de première force géologique. Or l’extraction de cette matière tellurique n’a pour autre vocation que d’alimenter une mémoire à très court terme. Jamais une technologie n’a stocké autant de données que le numérique, jamais simultanément, elle n’a été aussi menacée par sa fragilité et sa durée limitée. Si bien que l’hypermnésie digitale est vouée à l’obsolescence et à devenir indéchiffrable d’ici quelques dizaines d’années tout au plus.
Dans ce jeu de correspondances entre matière et virtuel, temps géologiques immémoriaux et disparition programmée des archives numériques, se pose la question de la préservation et de la conservation des mémoires au-delà de notre horizon. Pour pallier à la perte des données, la recherche fondamentale explore de nouvelles voies d’archivage s’appuyant sur la géologie, la microbiologie ou l’astrophysique. La roche, l’ADN synthétique, les constantes astrophysiques ou mathématiques deviennent autant de langages que de supports potentiels de mémoire, inscrivant l’information dans des structures qui dépassent l’échelle humaine, voire terrestre.
C’est à cet exercice périlleux et vertigineux que la NASA s’est prêtée lors de son programme Voyager, en 1977. Des deux sondes envoyées vers l’infini, telles des bouteilles à la mer interstellaire, le public n’a pourtant retenu que le disque doré. Comme les géoglyphes précolombiens qui s’adressaient au cosmos, leGolden Record utilise un système d’encodage censé communiquer à d’éventuels extraterrestres un échantillon de la culture d’une époque. Gravée sur un vinyle en cuivre, cette mémoire biaisée pourrait être la seule trace de notre existence, bien après l’extinction de la Terre et du système solaire.
Depuis, les missions interstellaires se sont multipliées, la qualité des instruments et des optiques considérablement améliorées. Hugo Deverchère va alors s’intéresser à des archives scientifiques parfois obsolètes ou oubliées dans les sous-sols des laboratoires, afin de produire une nouvelle mémoire humaine-non-humaine, à la frontière du géologique, du numérique et du cosmique.




TXT[EN]
Lingua cosmica
How can we preserve our memories in the face of a horizon that goes beyond our presence on Earth? Like a futuristic archaeology, The AfterImageexhibition probes the persistence and remanence of images. Here, artist Hugo Deverchère pursues his reflections on notions of representation beyond an anthropocentric vision, through the speculation of new cosmic languages.
As a result of an itinerant residency in the Atacama Desert, he established a link between pre-Columbian geoglyphs and contemporary infrastructures for the extraction of rare earths. From the sky, the hydraulic networks of the Salar's mines form regular shapes whose spatial organization is reminiscent of the geometric alignments of this ancient language. This exceptional site for astronomical observation has now seen its landscape excavated by copper and lithium mining, which is now essential for all computing technology. The land thus bears not only the traces of an extinct civilization, but also the irreversible stigma of an era in which humans became the primary geological force. The only purpose of extracting this telluric material is to feed a very short-term memory. Never before has a technology stored so much data as digital memory, and never before has it been so threatened by its fragility and limited lifespan. As a result, digital hypermemory is doomed to obsolescence and indecipherability within a few decades at most.
In this interplay between the material and the virtual, immemorial geological time and the programmed disappearance of digital archives, the question of the preservation and conservation of memories beyond our horizon arises. To overcome the inevitable loss of data, fundamental research is exploring new archiving methods based on geology, microbiology and astrophysics. Rocks, synthetic DNA, astrophysical or mathematical constants are becoming as potential languages and storage media, embedding information in structures that go beyond the human or even terrestrial scale.
It was this dizzying and perilous exercise that NASA embarked upon with its Voyager program in 1977. Of the two probes sent out like messages in a bottle to the interstellar space, the only thing the public remembered was the golden disk. Like the pre-Columbian geoglyphs that addressed the cosmos, the Golden Record uses an encoding system intended to communicate to potential extraterrestrials a sample of the culture of an era. Engraved on a copper vinyl, this biased memory could be the only trace of our existence, long after the extinction of the Earth and the solar system.
Since then, interstellar missions have multiplied, and the quality of instruments and optics has improved considerably. Hugo Deverchère is now turning his attention to scientific archives that are sometimes obsolete or forgotten in the basements of laboratories, in order to produce a new human-non-human memory, at the frontier between the geological, the digital and the cosmic.

︎ Ceres #01, 2025
Oxyde de cuivre noir, carbone, cobalt et silicium sur plaque photopolymère /
Black copper oxide, carbon, cobalt and silicon on photopolymer plate / 40 x 30 cm
︎ Ceres #02, 2025
Oxyde de cuivre noir, carbone, cobalt et silicium sur plaque photopolymère /
Black copper oxide, carbon, cobalt and silicon on photopolymer plate / 40 x 30 cm

︎ 14572.PNG, 2025
Héliogravure au grain / Grain photogravure / 50 x 40 cm

︎ 12638.PNG, 2025
Héliogravure au grain / Grain photogravure / 50 x 40 cm

︎ 10481.PNG, 2025
Héliogravure au grain / Grain photogravure / 50 x 40 cm
TXT[FR]
Selon un procédé similaire de restauration, Hugo Deverchère réalise des héliogravures de ces partitions analogiques sur une plaque de cuivre tandis que les lunes Téthys, Vesta, Cérès, Rhea, Phobos, Steins font elles l’objet de photogravures sur plaques photopolymères. Leur aspect brillant leur confère une forme de mouvement et de légèreté qui tend à s’extraire de la fixité et de la dureté présumée de la matière. À ces matrices de métal, il ajoute des pigments d’oxyde de cuivre, de cobalt et de silicium, éléments de base des microprocesseurs. Ces images en creux, constituées de matière géologique, deviennent des réminiscences d’un réel simulé qui s’écrit par la matière elle-même. Ce paradoxe entre mémoire volatile et cosmique se retrouve dans sa série Marble Recording, où des images de nébuleuses et de poussières interstellaires sont gravées au laser numérique sur un marbre agrémenté de cuivre et de cobalt. Véritable machine à remonter le temps, le télescope James Webb (JWST), à l’origine de ces clichés, capte en direct la formation des galaxies et des étoiles après le Big Bang. En gravant littéralement cette mémoire sidérale dans le marbre, Hugo Deverchère plie le temps cosmique et numérique. Ainsi compresse-t-il le cycle d’explosion à l’origine de la Terre et des minerais qui permettent aujourd’hui de les faire apparaître.



TXT [EN]
Using a similar restoration process, Hugo Deverchère creates heliogravures of these analog scores on copper plate, while the moons Tethys, Vesta, Ceres, Rhea, Phobos and Steins are etched on photopolymer plates. Their shiny appearance lends them a form of movement and lightness that tends to extricate them from the presumed fixity and hardness of the material. To these metal matrices, he adds copper, cobalt and silicon oxide pigments, the basic elements of microprocessors. These hollowed-out images, made of geological matter, become reminiscences of a simulated reality written by matter itself. This paradox between volatile and cosmic memory is echoed in his Marble Recordingseries, in which images of nebulae and interstellar dust are digitally laser-engraved onto marble enhanced with copper and cobalt. The James Webb Telescope (JWST), a veritable time machine, is the source of these images, capturing live the formation of galaxies and stars after the Big Bang. By literally engraving this sidereal memory into marble, Hugo Deverchère bends the cosmic and the digital time. In this way, he compresses the cycle of explosions that gave origin to the Earth and the ores that enable its appearance today.


︎ Phobos #01, 2025
Oxyde de cuivre noir, carbone, cobalt et silicium sur plaque photopolymère /
Black copper oxide, carbon, cobalt and silicon on photopolymer plate / 40 x 30 cm

︎ (2867) Šteins #03, 2025
Oxyde de cuivre noir, carbone, cobalt et silicium sur plaque photopolymère /
Black copper oxide, carbon, cobalt and silicon on photopolymer plate / 40 x 30 cm

︎ Vesta #03, 2025
Oxyde de cuivre noir, carbone, cobalt et silicium sur plaque photopolymère /
Black copper oxide, carbon, cobalt and silicon on photopolymer plate / 40 x 30 cm


︎
Marble Recording (Simeis 147 - NIR), 2025
Cuivre, lithium et cobalt sur gabbro noir gravé au laser / Copper, lithium and cobalt on laser engraved black gabbro / 80 x 60 x 2 cm

︎
Marble Recording
(M81 - NIR), 2025
Cuivre, lithium et cobalt sur gabbro noir gravé au laser / Copper, lithium and cobalt on laser engraved black gabbro / 80 x 60 x 2 cm

︎
Marble Recording (CAS-A - IRA), 2025
Cuivre, lithium et cobalt sur gabbro noir gravé au laser / Copper, lithium and cobalt on laser engraved black gabbro / 80 x 60 x 2 cm






The AfterImage - Tracks #03, 2025︎
Tirage pigmentaire sur papier baryté / Archival pigment print on baryta paper / 50 x 40 cm
Tirage pigmentaire sur papier baryté / Archival pigment print on baryta paper / 50 x 40 cm


︎
Marble Recording (NGC 346 - NIR), 2025
Cuivre, lithium et cobalt sur gabbro noir gravé au laser / Copper, lithium and cobalt on laser engraved black gabbro / 80 x 60 x 2 cm

︎
Marble Recording (NGC-6888 - NIR), 2025
Cuivre, lithium et cobalt sur gabbro noir gravé au laser / Copper, lithium and cobalt on laser engraved black gabbro / 40 x 30 x 2 cm

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Marble Recording (Deep Field #01), 2025
Cuivre, lithium et cobalt sur gabbro noir gravé au laser / Copper, lithium and cobalt on laser engraved black gabbro / 40 x 30 x 2 cm
TXT[FR]
En collaboration avec le physicien Olivier Dadoun, l’artiste va récupérer des kilomètres de rouleaux de film contenant des centaines de milliers de clichés réalisés dans une chambre à bulles. Cet espace fermé en forme de sphère fut utilisé par le CERN dans les années 1980 pour détecter des particules. Traités par des scannings girls, maintes fois copiés, compressés et diffusés vers divers laboratoires, ces films en quantité innombrables finiront paradoxalement par disparaitre ; comme si l’hypermnésie des données aboutissait à une sorte de bruit blanc qu’aucun œil humain n’est capable de subsumer. Patiemment, l’artiste et le physicien vont procéder à une restauration partielle non pour en révéler l’image idéale, mais pour en établir des cartes ou des graphèmes cosmiques. La série Orbital Verses n’est donc pas la photographie ou l’empreinte directe de particules, mais une synthèse culturelle et mémorielle. À l’instar des IA génératives, le réalisme qui en procède porte la trace d’une mémoire collective qui parfois hallucine et rêve le réel.
Si l’intérêt pour l’imaginaire spatial se justifie souvent par le désir de conquête et d’exploration de l’inconnu, Hugo Deverchère le convoque au contraire pour mieux faire retour sur Terre et prendre la mesure de notre éphémère condition.
TXT[EN]
In collaboration with physicist Olivier Dadoun, the artist will recover kilometers of film rolls containing hundreds of thousands of shots taken in a bubble chamber. This closed sphere-shaped space was used by CERN in the 1980s to detect particles. Processed by scanning girls, repeatedly copied, compressed and distributed to various laboratories, these films in innumerable quantities will paradoxically end up disappearing; as if the hypermnesia of data resulted in a kind of white noise that no human eye is capable of subsuming. Patiently, the artist and physicist will carry out a partial restoration, not to reveal their ideal image, but to establish a kind of cosmic map or grapheme. The Orbital Verses series is therefore not a photograph or direct imprint of particles, but a cultural and memorial synthesis. Like generative AIs, the realism that emerges bears the imprint of a collective memory that sometimes hallucinates and fantasizes reality.
Although our interest in the imagination of space is often justified by a desire to conquer and explore the unknown, Hugo Deverchère uses it to reflect back on Earth and to better take the full measure of our ephemeral condition.







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Orbital Verses, 2025
Restauration et numérisation d'un rouleau de film 70mm issu d’un détecteu de particules (chambre à bulle), CERN, 1981 (Credit archive originale : LPNHE IN2P3/CNRS), Tirage pigmentaire sur papier baryté / Digitalized and restored 70mm film roll from a particle detector (bubble Chamber), CERN, 198 (Original archive credit : LPNHE IN2P3/CNRS), Archival pigment print on baryta paper / 130 x 180 cm


